Attention aux faux followers

Dans les coulisses du fake

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« Les faux followers, c’est assez facile à repérer et dans le fond, tout le monde sait plus ou moins qui est fake ou pas. Mais personne ne dit rien parce que ça arrange à la fois les influenceurs, les agences et les RP des marques. » Magalie*, une influenceuse lifestyle et food avec plusieurs années de métier derrière elle est catégorique. L’achat de faux followers et de faux avis, c’est comme le dopage dans le sport : beaucoup le font et tout le monde se tait.

« Les agences sérieuses qui ont pignon sur rue sont clairement opposées à cette pratique. Mais il existe pléthore de petites structures pas très regardantes sur les chiffres qui n’hésitent pas à collaborer avec des influenceurs fake, poursuit-elle. Sur un budget de 1 000 euros qu’ils ont négocié avec une marque, ils vont redonner 300 euros à un influenceur dont les statistiques sont gonflées et garder le reste de côté. Même du côté des marques, on s’arrange avec la réalité. Il y a des RP qui sont contents de montrer à leur patron qu’ils ont attrapé un influenceur à plus de 100 000 followers avec un budget ridicule. En fin de compte, il n’y a que celui qui signe le chèque qui n’est pas au courant de la triche. »

La pratique n’est pas illégale, certes, mais elle chamboule toutefois pas mal le milieu de l’influence qui devient de plus en plus compétitif. Outre les soucis de concurrence, ces achats de fakes sont aussi la base pour de nouvelles pratiques qui s'éloignent de plus en plus de l’influence. « On a vu arriver une nouvelle catégorie de blogueuses qu’on appelle les brocanteuses, poursuit Magalie. Elles ne se font jamais payer pour des collaborations, mais elles sollicitent les marques de luxe 24h sur 24 en exposant des chiffres d’audience trafiqués. Ce qu’elles veulent, c’est recevoir des produits gratuits qu’elles vont tester face caméra. Elles font une vidéo ou une photo avec puis elles revendent le tout sur Vinted. Même à prix bradés, elles se font entre 3 000 et 4 000 euros. Pour certaines, ça représente entre 60 et 100 % de leur chiffre d’affaires par an. »

Face à cette industrie du fake, les plateformes sont loin d’être inactives. Après tout, il en va de la crédibilité de leur business model. En 2019, Facebook annonçait la suppression de 3,2 milliards de faux comptes en 9 mois. En août 2020, Instagram annonçait de son côté de nouvelles mesures anti-fake via la surveillance comportementale. 

Déceler le vrai du faux, les bonnes et les mauvaises pratiques du secteur du marketing d’influence fait partie des missions de l’école ffollozz à travers son module autour de l’influence éthique.

​​​​​​​* Le nom de cette personne a été modifié

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